Il y a 23 ans, les parents de Sibylle Grivel sont partis vivre au Danemark. L’année dernière, la jeune femme de 19 ans a commencé une formation de technologue du lait à Odense au Danemark et reprend le chemin de la Suisse pour la partie pratique de sa formation.
En Scandinavie, les produits laitiers ont aussi la cote et la demande en professionnels qui savent transformer le lait est grande. Les «mejerister» ou spécialistes du lait, font en sorte que le Danemark dispose d'une sélection suffisante de fromages, yogourts et crèmes glacées. Avec l’installation d’Arla Foods au Danemark, le pays accueille l’une des dix plus grandes entreprises laitières au monde. En outre, on y trouve aussi des exploitations artisanales plus petites. Une situation très similaire à la Suisse.
Contrairement à la formation professionnelle en Suisse, la formation au Danemark est organisée en «blocs» à l'école professionnelle et dans une entreprise formatrice. Tout d’abord, Sibylle Grivel a suivi en mars dernier un cours sur les fondamentaux au Kold College sur l’île de Fyn pendant 20 semaines, puis a acquis les bases de son métier de prédilection à travers une autre formation, avant d’entamer un stage pratique en entreprise de 4 mois.
Les quatre blocs au total, pendant lesquels les apprenti·e·s danois·es s’attèlent à la pratique du métier en entreprise, doivent être validés dans deux entreprises différentes. Sibylle Grivel cherchait une grande entreprise qui fabrique de nombreux produits différents, afin de couvrir un large éventail de compétences. Et elle a donc eu cette idée de chercher une place à 1300 kilomètres de chez elle, dans une entreprise formatrice située dans le pays natal de ses parents.
Il y a vingt-trois ans, le père de Sibylle Grivel a obtenu un poste de chercheur en physique des matériaux au Laboratoire national du Danemark à Roskilde. Sa mère a également décroché un poste de professeure de violon là-bas. C'est ainsi que le couple s’est expatrié, et Sibylle Grivel et son petit frère sont donc nés à l'étranger. À la maison, on parlait français pour que les enfants grandissent dans un environnement bilingue. «Je préfère la langue française», confie la jeune technologue du lait. Et elle avait envie d’avoir le reste de sa famille – grands-parents, tantes, oncles et cousin·e·s – près d’elle à nouveau. Un stage professionnel correspondrait à ces critères.
Le Kold College, au passage la seule école professionnelle de toute la Scandinavie qui forme les technologues du lait, autorise l’apprentissage transfrontalier. Cela a néanmoins nécessité un gros travail administratif en amont, notamment sous la forme de traductions. L'école avait besoin d’une preuve de ce qu’elle allait apprendre et de quelle manière, et il lui fallait également un contrat avec l’entreprise formatrice.
À l’automne dernier, l’heure de faire ses valises avait sonné, avec un peu de retard. Sibylle Grivel émigrait au moins pour quelques mois dans la direction opposée à celle de ses parents. Elle prend alors son poste dans la laiterie Estavayer Lait SA (ELSA) et apprend pour la première fois la pratique du métier de ses rêves. Elle vit seule pour la première fois, et bien plus loin de sa famille que lorsqu’elle était à l’internat de l’école au Danemark. «Je suis ravie d’avoir vécu cette expérience riche en enseignements», explique Sibylle Grivel après son premier stage. En mars 2021, elle reprend la direction du nord pour suivre le bloc de cours suivant, avant de revenir à Estavayer à l’automne. «Mes parents sont un peu jaloux, car eux aussi aimeraient passer du temps en Suisse», avoue la jeune professionnelle en souriant. Elle a déjà hâte de revenir pour son deuxième stage – car son aspiration à travailler dans une entreprise industrielle avec sa technique impressionnante s’est confirmée. « Vi ses i Schweiz! » Au plaisir de se revoir en Suisse!